Rhénanie 2017 : Nous créons un climat de justice multicolore, bruyant, queer !!!

La justice climatique est aussi une question féministe.

Lorsque, en août, nous bloquerons une infrastructure de lignite en Rhénanie avec des milliers de personnes, nous ne prendrons pas uniquement en main la sortie du charbon – nous construirons également une communauté solidaire au-delà du sexisme, de la binarité de genre et de l’hétéronormativité sur nos camps et au sein de nos actions.

Le changement climatique : un problème de justice

Le changement climatique nous montre où mène l’exploitation des ressources humaines et naturelles visant la maximisation des profits. Nous voulons nous engager pour un avenir plus juste – et pour ce faire nous devons stopper le changement climatique, car ce dernier exacerbe les injustices existantes. A l’échelle planétaire, 70% des personnes vivant dans la pauvreté1 sont des femmes*2. Ce sont elles qui souffrent le plus des sécheresses, des inondations, de la salinisation des sols et des autres conséquences du changement climatique. De même, les personnes qui ne sont pas des hommes* cisgenres3 sont les plus touchées par les catastrophes naturelles, et dans des situations de fuite et de migration : parce qu’elles ont un accès plus difficile aux informations, , parce qu’elles sont exposées aux actes de violence et parce que le travail de soin supplémentaire qui en découle leur incombe. Avec le racisme, l’origine sociale et le capacitisme4, le genre influence les chances des personnes de pouvoir composer avec les conséquences du changement climatique.

Les responsables du changement climatique se trouvent avant tout dans le Nord. Une poignée de personnes profite ici de la richesse créée sur une base d’exploitation et de destruction – et de par leurs comportements, ils continuent à accroître le réchauffement planétaire. Nous voulons vaincre ces rapports de pouvoir. Nous nous rendons là où le changement climatique et l’injustice supplémentaire sont produits, et nous nous y opposons, avec une protestation multicolore, bruyante et queer.

Vaincre le capitalisme et le patriarcat

 

Nous aimerions contribuer à que chacun.e sur cette terre puisse avoir accès à une bonne vie (buen vivir). Nous voulons abolir le système économique qui exploite de façon structurelle le travail reproductif des femmes* et de la nature, et externalise ce faisant le travail reproductif de soin5 tout autant que les dommages sur le climat et l’environnement. Nous voulons vaincre la structure de propriété patriarcale et les stéréotypes, qui assurent qu’avant tout les hommes* cis riches peuvent vivre aux dépens de tou·te·s les autres. Nous voulons déconstruire les mythes de la masculinité, et ce faisant condamner la maximisation des profits et les tours du monde en avion comme styles de vie impériaux6, tout en reconnaissant le travail de soin reproductif et émotionnel comme base de la vie. Nous voulons créer des formes de vivre ensemble au-delà de la famille nucléaire avec « une seule source de revenus ». Et nous voulons redistribue, les biens tout autant que les tâches, au sein de la société.

Cet été des personnes venant d’Autriche, des Pays-Bas, de République tchèque, de Belgique, de France et de nombreux autres lieux se rassemblent, pour vivre ensemble ces alternatives. C’est pour ça que nous nous retrouvons sur les camps en Rhénanie du 19 au 29 août.

Un vivre-ensemble attentif

Les luttes féministes sont une inspiration pour nous et nous voulons faire vivre ce qui a été gagné de haute lutte. C’est pourquoi nous souhaitons sur les camps une répartition consciente et solidaire des tâches du travail de Care. Nous enjoignons les hommes* cis à réfléchir à leurs comportements en plénière tout autant qu’à la vaisselle. Une équipe « awareness » (de sensibilisation) soutiendra celles et ceux qui le souhaitent pour que des situations de mal-être ainsi que de harcèlement ne se produisent aucunement et qu’elles soient a minima toujours problématisées. Les comportements sexistes, homophobes ou trans*phobes, racistes ou antisémites ne seront pas tolérés ! Les personnes meufs*-gouines-trans-inter7, les femmes de couleur, les activistes* LGBTQIA+8 doivent pouvoir trouver des espaces refuge sûrs, et avoir des opportunités d’empowerment à travers des partages de compétences, de réflexions et d’apprentissage mutuel.

Notre protestation est solidaire avec tou·te·s celles et ceux dont les fondements de la vie sont menacés par le changement climatique ; solidaire avec tou·te·s celles et ceux qui résistent et sont enfermé·e·s ou inculpé·e·s quand l’État se positionne comme défenseur des intérêts industriels. Et nous sommes solidaires les un·e·s avec les autres dans toutes les formes d’actions – de la transmission des connaissances au travail d’organisation et au travail de soin avant, pendant et après une action, jusqu’aux occupations et blocages.

Dangereux.ses ensemble

Bloquer les infrastructures de lignite durant les journées d’action du 24 au 29 août dans une action de masse de désobéissance civile doit offrir un potentiel émancipatoire pour tou·te·s. Sur les camps il y aura des formations à l’action pour les FLTI*. L’action de masse « Ende Gelände ! » offre l’occasion de faire partie d’un „finger“ (cortège) féministe vers la mine ou les voies. Des actions créatives en petits groupes sont également possibles. Nous souhaitons des formes de protestation multicolores, bruyantes et queer, où chacun.e puisse se sentir à sa place !

Venez en août en Rhénanie – créons ensemble un climat de justice !

 

1Une personne est considérée comme pauvre lorsqu’elle dispose de moins de 1,25 dollars US par jour.
2* indique qu’il existe plus de deux genres.
3“cis” (ici) signifie qu’une personne vit en adéquation avec le genre qui lui a été assigné à la naissance (https://www.queerparis.com/fr/lexique/cis/).
4Le jugement du corps et de l’esprit se fondant sur les capacités. Les personnes avec “un handicap” sont de ce fait discriminées structurellement.
5 Aussi travail de Care : les activités de soin de base qui, à la différence du  »travail productif », ont lieu souvent dans le domaine privé, et sont peu ou pas payées (http://www.gwi-boell.de).
6L’exploitation persistante de l’humain et de la nature dans le capitalisme (Brand/Wissen 2017).
7FLTI, abréviation en allemand de « Frauen*, Lesben, Trans und Inter-Personen », c’est-à-dire toutes les personnes qui ne sont pas des hommes cis.
8Acronyme faisant référence aux personnes s’identifiant comme Lesbiennes, Gaies, Bisexuelles, Trans, Queer, Intersexué·e, et Assexuel·le. Le + inclut les autres identités et orientations (https://www.queerparis.com/fr/lexique/lgbtqiap/).